SOUVENIRS FAMILIAUX

 

 

1- Céline Lezaud    2 – Le fort Girardon    3  - Mémentos

 

 

 

Le général Girardon
guerre de 1914 -1918

 



Sorti de Saint-Cyr et sous-lieutenant le 1er octobre 1886, Louis Girardon a tenu garnison successivement jusqu'au grade de chef de bataillon, à Lyon, Nancy, Paris, Montargis et Beauvais.

A la mobilisation, le commandant Girardon, major du 51éme régiment d'infanterie, dut rester à Beauvais et ne rejoignit le front qu'au mois d'octobre 1914, en Argonne. Il y resta jusqu'en janvier 1915, menant avec son bataillon de rudes combats. Il reçut deux citations :

- l'une à l'ordre de l'armée :

" A fait preuve du plus grand courage dans une attaque de tranchées en se portant de sa personne jusqu'aux abords immédiats des tranchées ennemies. A eu son chef de corps et tous ses agents de liaison tués autour de lui " signé général Gérard

- l'autre à l'ordre de la division :

" pour le zèle, le dévouement, la compétence avec lesquels il a exercé pendant sept jours le commandement d'une fraction particulièrement attaquée de la division " signé général Cordonnier


Il prend ensuite part à la première offensive de Champagne, du 21 février au 5 mars 1915. Son bataillon enlève la cote 196, vers Tahure, et y résiste victorieusement aux attaques furieuses de la Garde impériale allemande. Le commandant Girardon est cité à l'ordre de l'armée :

" Officier supérieur de la plus grande bravoure, véritable entraîneur d'hommes, a contribué puissamment par son courage personnel à l'enlèvement de la cote 196 et y a résisté pendant trois jours aux contre-attaques furieuses de la Garde impériale allemande. " signé général Gérard

Au début d'avril, le commandant Girardon, au cours de l'offensive de la Woëvre, reçoit sa première blessure, à la tête, mais il n'est pas évacué.

Le 18 avril, nommé au commandement du 67ème régiment d'Infanterie, il avait à peine rejoint son corps qu'il subit, à la tranchée de Calonne, une attaque allemande d'une extrême violence, menées par trois divisions d'assaut contre ce seul régiment.

Il est nommé lieutenant-colonel le 5 mai 1915.

Après un court repos, le colonel Girardon participe, en septembre 1915, à la seconde offensive de Champagne.

Presque aussitôt, il est blessé, mais il ne se laisse pas évacuer. Il est cité à l'ordre de l'armée et est promu officier de la Légion d'Honneur sur le champ de bataille :

" Chef de corps de tout premier ordre, a dirigé avec énergie et une très grande bravoure les attaques réitérées de son régiment contre un puissant retranchement. Blessé, a demandé à conserver son commandement "
(général J. Joffre)

Jusqu'en juin 1916, c'est le secteur de Champagne avec ses multiples combats, puis le régiment tout entier part pour Verdun.

Pendant les grandes batailles des 21, 22 et 23 juin 1916, le 67éme régiment d'infanterie se distingua d'une manière magnifique et son héroïsme est resté fameux.

Complètement encerclé au Bois Fumin, sans liaisons, sans vivres et sans boisson, rongé par une soif horrible, écrasé par un des plus violents bombardements qu'on ait vus dans ce secteur infernal, asphyxié par les obus à gaz, le régiment, qu'on croyait perdu, résista avec une vaillance inouïe aux attaques allemandes, refusa par la voix de son chef de se replier et, quoique privé de ses bases, réussit à enlever du terrain à l'ennemi dans des corps à corps terribles.

Le colonel Girardon fut l'âme de cette résistance, mais la lame avait usé le fourreau, et lorsque les débris du régiment furent délivrés, on dut le ramener sur une civière, le tympan crevé et très gravement intoxiqué. Mais il ne fut pas évacué.

Une belle citation à l'ordre de l'armée récompensa ce brillant fait d'armes :

" Sous les ordres du lieutenant-colonel Girardon, pendant les journées du 21 au 23 juin 1916, a soutenu avec la plus grande opiniâtreté les attaques violentes et incessamment renouvelées d'un ennemi très supérieur en nombre. Débordé sur ses deux flancs, et malgré un bombardement d'une intensité inouïe d'obus de gros calibres et de projectiles asphyxiants, n'a pas cédé un pouce de terrain, et a même réalisé de légers progrès grâce à d'énergiques contre-attaques poussées jusqu'au corps à corps.
En dépit de lourdes pertes, malgré des difficultés matérielles considérables et les souffrances causées par la soif, a par la vigueur de sa résistance, permis le rétablissement de la ligne. "
(général Nivelle)

Enfin, le général Joffre désigna le 67éme régiment d'infanterie pour former à Chantilly la garde d'honneur du Grand Quartier Général - sept régiments seulement reçurent au cours de la Grande Guerre ce témoignage insigne de satisfaction.

De là, le 67ème régiment d'infanterie fut envoyé dans la Somme, près de Bouchavesnes, et y prononça une vigoureuse attaque qui lui valut encore, ainsi qu'à son chef, une citation à l'ordre du corps d'armée :

" Le 13 octobre 1916, sous les ordres du lieutenant-colonel Girardon, a fait preuve d'un élan et d'une ténacité admirables. Bien qu'ayant ses vagues d'assaut à moitié ensevelies dans des tranchées entièrement nivelées par un bombardement intense, s'est vigoureusement lancé à l'attaque, sous un feu d'écharpe d'artillerie et de mitrailleuses d'une rare violence.
Malgré de très lourdes pertes, s'est maintenu sur le terrain conquis, au contact immédiat de ses objectifs et a fourni, sous un feu incessant et malgré le mauvais temps, une somme de travail exceptionnelle.
" (général Paulinier)

On le dirigea ensuite sur l'Aisne, vers Soupir, pour y tenir secteur.

Le 15 avril 1917, la grande offensive de l'Aisne se déclenche. Le 67ème régiment d'infanterie progresse de deux kilomètres, enlève trois lignes successives de tranchées, capture 400 prisonniers, trois canons et huit mortiers de tranchées. Il est encore cité, avec son chef, à l'ordre de l'armée et reçoit la fourragère des mains du général de Mitry.

" Sous les ordres du lieutenant-colonel Girardon, a montré, dans les journées des 5, 6 et 7 mai 1917, la plus belle vaillance pour libérer les régions où il s'était entraîné à vaincre. Dans une attaque irrésistible, surmontant des défenses naturellement fortes, encore multipliées par un adversaire tenace, a enlevé trois lignes de tranchées ennemies, disputées avec acharnement, progressant de près de deux kilomètres et capturant plus de 400 prisonniers avec trois canons et huit mortiers de tranchées.
A conservé tout le terrain conquis, malgré les plus violentes contre-attaques, en dépit d'un bombardement intense et continu, infligeant à l'ennemi de lourdes pertes. "
(général en chef)

Etant ensuite dans les Vosges, le lieutenant-colonel Girardon quitte, la mort dans l'âme, le merveilleux régiment qu'il avait conduit à la gloire : il est nommé colonel et prend le commandement d'une infanterie divisionnaire au 1er Corps d'armée. Les trois régiments placés sous ses ordres sont le 43ème, le 127ème et le 327ème régiments d'infanterie.

Il prend part avec eux à l'offensive franco-britannique des Flandres vers Bixschotte et tient secteur dans les Flandres puis sur l'Aisne, jusqu'au 23 mars 1918.

C'est à cette date que les Allemands cherchent par une pression formidable, à percer nos lignes (offensive de la Somme). La division du colonel Girardon est transportée d'urgence en camions vers Montdidier. Il lui faut elle-même attaquer pour relever la 56ème division, puis tenir tête.

Nos alliés reconnurent l'aide qui leur avait été apportée en décernant au général Girardon, qui fut fait Compagnon de l'ordre du Bain, l'une des plus hautes distinctions anglaises.

Quelques semaines plus tard, le général Girardon est engagé, avec sa division, dans la bataille de l'Aisne (offensive allemande puis offensive française) et doit assumer les plus écrasantes responsabilités, faire face au péril de l'infiltration, se cramponner au terrain et, contre-attaquant, reprendre enfin Fontenoy.

Il est cité à l'ordre du corps d'armée :

" a montré, au cours des opérations actives du 29 mai au 15 juin 1918, un grand sens tactique, vivifié par une froide énergie, un calme parfait, un courage personnel remarquable. Encourageant ses troupes par son exemple, a contribué largement à rétablir une situation très difficile et à arrêter net les progrès d'un ennemi grisé par de rapides succès. Magnifique figure de soldat, animé du plus pur sentiment du devoir. " (général Lacapelle)

Il est enfin proposé pour la cravate de commandeur de la Légion d'Honneur, dans ces termes, par le général Messimy, ancien ministre de la Guerre, commandant sa division :

" Officier supérieur de la plus haute valeur morale. Profondément imbu du sentiment du devoir, le colonel Girardon est une des plus belles figures de soldat que j'aie rencontrées au cours de la guerre. Personne ne peut recevoir le grade de commandeur de la Légion d'Honneur avec plus de titres à l'estime respectueuse tant de ses subordonnés que de ses chefs. "

Mais, le 15 août 1918, le colonel Girardon, très gravement brûlé à plusieurs reprises par les gaz asphyxiants, est évacué pour la première fois. A peine guéri, il rejoint le front, le 15 octobre ; mis en réserve de commandement à la VIIe armée, puis affecté à l'infanterie divisionnaire de la 20e division où il n'arriva qu'après l'armistice, enfin à celle de la 124ème division qu'il commanda jusqu'au 25 mars 1919, il prit alors le commandement de la 6ème brigade et des territoires des départements de l'Oise et de la Somme.

C'est à ce poste qu'il reçut la cravate de commandeur de la Légion d'Honneur et les étoiles de général de brigade, le 21 mars 1922.

Peu avant sa mort, survenue le10 septembre 1953, le général Girardon fut promu grand-officier de la Légion d'Honneur.

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Distinctions :

- grand-officier de la Légion d'Honneur,
- croix de guerre avec huit citations (cinq palmes et trois étoiles),
- croix de guerre belge avec palme,
- compagnon de l'Ordre du Bain ( Angleterre),
- commandeur de 2ème classe de l'Ordre de Sainte Anne de Russie
- Etoile de Kara-Georgevitch de Serbie (4ème classe)

 

Pour relire les souvenirs de Louis Girardon, suivre ce lien - - - >

 

 

 

 

Souvenirs pour mes enfants

par Céline Lezaud

1911

 

                                 

Je suis née le 7 septembre 1844 à La Villette, 20 rue de Flandres où mon père était notaire.

En 1895, mon père (M. Desmanèches) vendit son étude et nous quittâmes La Villette pour aller habiter 21 rue d’Aumale au 2ème étage, dans une maison appartenant à mon père.

Ma sœur Amélie, plus âgée que moi de quatre ans, avait fait sa première Communion à La Villette. Ma mère aurait désiré que je la fasse dans cette même paroisse dont le Curé, l’abbé Chacque était notre ami, mais le Curé de notre nouvelle paroisse, Notre Dame de Lorette, s’y opposa.

Ce fut le 5 juin 1856 que j’eus le bonheur de faire ma première Communion

Dans la même année à 8 jours de distance, le 8 et le 15 mars je perdis mon grand’père et ma grand’mère Roy. Ils habitaient à Paris 75 rue vieille du Temple au Marais.

Deux ans après le 1er janvier 1858 ma chère mère fut emportée en 5 jours par une fièvre scarlatine – On nous avait éloignées d’elle et emmenées chez ma tante Roy où nous eûmes l’une après l’autre cette même maladie.

Je fis une grande perte dans la personne de ma mère qui était excellente et que j’adorais – mon père était si malheureux que nous passâmes des années de profonde tristesse après ce douloureux événement.

 

Le 3 septembre 1861 ma sœur épousa M. Emile Delapalme notaire à Paris 38 rue de la Chaussée d’Antin – Un an après elle en eut un petit  garçon qu’elle perdit et, le 17 novembre 1864, une petite fille qui comblait tous ses vœux mais hélas ! le 3 décembre une embolie l’emportait en 10 minutes laissant son mari et son père dans la désolation. J’avais 20 ans. Pendant 3 ans je vécus dans la tristesse près de mon père inconsolable puis M. du Miral député et ami intime de mon père lui proposa pour moi une alliance avec le fils d’un Conseiller à la Cour de Cassation, Auditeur au Conseil d’Etat et Secrétaire de la Préfecture de l’Eure – Ce parti plut à mon père qui en avait refusé bien d’autres trouvant toujours leur fortune insuffisante. J’avais donc 23 ans quand je me mariai avec Monsieur Albert Lezaud. Nous fîmes d’abord un voyage en Italie et pendant ce temps mon mari fut nommé Sous Préfet de Provins – C’est là que je commençai ma nouvelle vie.

 

Provins était une petite ville sale et triste mais à 2 h seulement de Paris ce qui me permettait d’aller souvent voir mon père.  Là naquit dans la vieille Sous Préfecture mon premier enfant Jean le 22 février 1869 – un an à peine après j’eus une petite fille qui mourut en naissant - Marie.

En mars 1870 mon mari fut nommé Sous Préfet de Châlon sur Saône – nous y restâmes jusqu’au mois de 7bre suivant. La guerre avait été déclarée le 15 juillet et le 4 septembre la République avait été proclamée. Mon mari donna sa démission et vint me rejoindre à StJean de Luz où j’étais avec mon père depuis quelques jours.  Pendant ce court espace de temps qu’Albert passa seul à Châlon sur Saône, le député socialiste le fit mettre en prison sous prétexte qu’il n’avait plus le droit d’exercer les fonctions de Sous Préfet mais quelques heures après il l’en fit sortir effrayé par les manifestations hostiles de la population qui réclamait son Sous Préfet qu’elle avait déjà eu le temps d’apprécier et d’aimer.

En novembre 1871 nous quittâmes Saint Jean de Luz pour nous installer à Lacourcelle. Il était question d’une levée d’hommes mariés à mettre sous les drapeaux et mon mari tenait à partir avec les hommes de son pays. Le 4 mars de ce triste  hiver de la guerre, mon second fils Adrien vint au monde. Nous aimions Lacourcelle et nous y serions volontiers restés mais mon beau-frère et son fils Georges avaient décidé que cette propriété appartiendrait à ce dernier et que nous aurions Vaseix. Aussi il nous fallut renonce à ce désir, et en mai nous quittions Lacourcelle pour venir à Limoges d’abord et ensuite à Paris – où Albert chercha une situation.

Pour lui c’était un vrai chagrin de voir sa carrière brisée et il ne s’en consola jamais – A Paris on lui proposa une part chez un agent de change de ses amis mais mon père s’y opposa de toutes ses forces ne trouvant pas cette situation sûre. Il en fut de même pour bien d’autres et comme mon mari aimait beaucoup la campagne et l’agriculture, nous cherchâmes à acheter une propriété soit dans la Creuse soit dans le Limousin. En mai 1872 nous devînmes propriétaires de La Grange et nous en prîmes possession le 29 de ce mois. Cinq semaines après naissait ma fille Marie. En 1875 le 3 janvier naissait mon fils Pierre-Albert.

De 1872 à 1876 notre vie fut relativement calme – mon mari s’occupait d’agriculture mais il regrettait toujours sa carrière politique et il céda volontiers aux sollicitations des électeurs de l’arrondissement de Rochechouart qui lui demandaient d’être leur député. Il ne fut pas élu cette fois mais seulement en 1878 où il réunit 900 voix de majorité contre Labuze.

Notre installation à Paris se fit dans un appartement meublé et comme mon mari fut invalidé 9 mois après nous revînmes à La Grange. Albert défendit sa cause à la Chambre avec une grande énergie et fut profondément atteint moralement par sa défaite.

 

 A dater de ce jour il commença la maladie qui devait l’emporter 4 ans plus tard. En 1879, nos enfants grandissant, nous sommes venus habiter à Limoges pour faire leur éducation rue du Pont Saint Martial . Des symptômes alarmants se manifestaient dans la santé d’Albert - je ne pouvais plus me faire d’illusion hélas, il était mortellement atteint. Lui même manifesta le désir d’une installation à Paris et c’est alors que mon frère loua pour nous l’appartement de la rue Saint Lazare. J’y passai de bien tristes années, soutenue par mon cher père dans une lourde tâche et me demandant bien souvent si ma santé résisterait à une pareille épreuve. Elever mes 4 enfants et soigner sans espoir mon pauvre mari dont la belle intelligence s’éteignait peu à peu en même temps que ses forces diminuaient.

Enfin le 20 novembre 1882 à 4 h du soir après s’être confessé et avoir reçu les derniers sacrements, il s’éteignit doucement au milieu de nous et il était si beau et si came dans la mort qu’on l’aurait cru endormi.

Tout était fini après 14 ans de mariage je restais seule pour élever mes 4 enfants dont l’aîné n’avait que 13 ans !

 

Mon frère fut d’avis que garder la propriété de La Grange serait une trop grosse charge pour moi et toujours déférente à ses avis je consentis à la laisser mettre en adjudication malgré le déchirement de mon cœur car là étaient nés deux de mes enfants et j’y avais passé les meilleurs années de ma vie. Le 16 juin 1893 eut lieu cette adjudication qui me laissa propriétaire, le prix demandé n’ayant pas été atteint – 380 000 f . Je la gardai pour 354 000 f .

Nous pouvions donc passer nos vacances dans cette chère propriété et je m’applaudis d’autant plus de l’avoir gardée que deux ans après mourait mon beau-père qui donnait à sous fils Georges par testament la propriété des Vaseix et mes enfants n’auraient plus eu aucune attache dans le pays de leur père. Mon père désirait après mon veuvage que je vienne habiter près de lui dans sa maison rue d’Aumale et il avait passé tant d’années privé de ma présence que  je ne voulus pas lui refuser cette satisfaction pour ces dernières années – Je quittai en 1885 mon appartement de la rue Saint Lazare, 87 où mon mari était mort pour m’installer rue d’Aumale. Je devais y rester environ 10 ans puis louer l’hôtel avec jardin au fond de la cour de la maison d’à côté.

 

De 1887 à 1892 je me consacrai toute entière à l’éducation de mes enfants traversée par bien des préoccupations et bien des peines à cause de la santé de Jean  qui ne lui permit pas  de faire ses études au Collège et que je dus garder à la maison. Puis Pierre-Albert après sa Première Communion fut aussi atteint d’anémie à la suite d’une trop rapide croissance. Adrien et Marie ne furent jamais arrêtés par leur santé et Adrien après 3 ans de préparation à Jersey pour l’Ecole Navale y fut admis dans un bon rang. Deux ans après il entra au Borda comme aspirant de marine.

Jean avait toujours aimé la campagne. Après un petit séjour à l’Institut agricole de Beauvais il vint s’installer à La Grange et s’occupa de gérer la propriété dont il devint plus tard le fermier. Plus tard aussi il afferma d’autres propriétés de la famille et devint un habile agriculteur. Après son service militaire il épousa à 23 ans Hélène Navelet et eut 6 enfants - Clarisse (?), Jacques, Marielle, Guy, Geneviève et Bernard.

Adrien se maria le dernier, après avoir donné sa démission d’enseigne de vaisseau et se maria avec Geneviève Veniel – Il eut une fille Andrée.

Ma fille Marie épousa en 1893 Louis Girardon lieutenant d’infanterie et eut 5 enfants – Hélène, Marguerite, Albert, Juliette et Jeanne.

Enfin Pierre-Albert devenu Ingénieur Civil épousa Laurence Baudouin en 1900 et eut 4 enfants – François, Germaine, Yvonne et Antoinette.    FIN

 

Vous trouverez des précisions sur les familles Lezaud et Desmanèches dans les souvenirs de Louis Girardon que vous atteindrez en suivant le lien.

 

 

 

 

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Un preux s’est déchaussé pour prendre le Coudon

extrait d’une coupure de journal de 1946

 

Le 20 août 1944, les Alliés étaient aux portes de Toulon, mais les portes étaient solidement verrouillées par le fort du Coudon qui domine de 700 mètres la ville et la plaine. Pour s’emparer du fort, le général de Lattre de Tassigny fit encore une fois appel à ses chers commandos auxquels il était dorénavant admis que rien ne leur était impossible. Malgré la fatigue de ses hommes, le colonel Bouvet reçut l’ordre laconique du général de Lattre : « Prenez le Coudon ».

Après le cap Nègre et Mauvannes, c’est encore le capitaine Ducournau qui prit le Coudon. Aussi est-il grand temps de parler de l’homme qui possède les plus belles citations de l’armée française, le héros de légende que le mémoire de la croix d’officier de la Légion d’honneur qui lui a été remise par le général de Gaulle n’hésite pas à appeler « un preux et un drapeau vivant ».

Paul Ducournau, actuellement commandant, a trente-quatre ans à peine ; il a poursuivi ses exploits jusqu’en Allemagne malgré ses blessures. C’est un Béarnais avec toutes les qualités du montagnard. De taille moyenne, râblé, robuste, il est doué d’une étonnante énergie et d’un optimisme à toute épreuve. Ce qui étonne chez lui au premier abord, c’est son agilité physique autant que celle de son esprit. Il est perpétuellement en mouvement ; il est intéressé à tout, veut tout savoir, tout connaître. Mieux que modeste, il est simple. Il parle de tout le monde mais jamais de lui. Cet homme qui fait tout, tout seul, vous donne l’impression qu’il a besoin de vous. Remarquablement intelligent, l’esprit curieux de tout, il est servi par une prodigieuse mémoire. Très amusant, il a toujours une bonne histoire à raconter. Il est le meilleur des camarades et le plus aimé des chefs. Ducournau est un entraîneur d’hommes qui a le rare mérite de savoir toujours rester toujours profondément humain.

 

Le 20 août au matin, les camarades sont autour du fort du Coudon. Il y a vingt-quatre heures qu’ils se sont infiltrés à l’intérieur des lignes ennemies ; dans la nuit ils ont escaladé le rocher du Coudon. Il s’agit maintenant de prendre le fort. Le capitaine Ducournau organise l’assaut. L’artillerie des ouvrages de Toulon et des batteries de côte allemandes concentre ses feux sur l’arête rocheuse où les éléments de commandos s’accrochent aux murs de l’ouvrage est. La situation semble critique. À un moment, vers 15 heures, le lieutenant-colonel voit refluer des éléments au pied des murs de l’ouvrage. En réalité, c’est le capitaine Ducournau qui, trouvant la densité de ses éléments trop forte aux flancs de l’ouvrage, fait replier les gens qui risqueraient d’encombrer les abords et d’être massacrés par l’artillerie.

Presque tout de suite, le fort capitule. Le capitaine Ducournau s’étant déchaussé, a escaladé lui-même, avec le lieutenant Girardon, les murs nord du fort d’une hauteur de huit à dix mètres, tandis qu’il faisait attirer l’attention des Allemands à l’opposé.

Il a réussi à se glisser ensuite et à se faire jeter des munitions par une corde, puis par une échelle.

Il s’est ensuite battu au corps à corps dans la première enceinte avec un petit groupe de grenadier, puis a nettoyé à la grenade les résistances du premier couloir.

La lutté est âpre car les marins allemands sont partis.

Ducournau et Girardon se battent au corps à corps, de porte à porte, de couloir en couloir et le lieutenant de  vaisseau allemand qui, fou de rage , lance une dernière fois à l’artillerie la fusée «tirez sur nous », est obligé de capituler..

Pendant quelques minutes, un violent tir allemand tombe sur le fort et blesse ou tue indistinctement Allemands et Français. Le lieutenant Girardon tombe. Cette fois-ci, c’est Ducournau qui est fou de rage et, sous la menace de son revolver, il contraint le lieutenant de vaisseau à lancer une nouvelle fusée : « allonger le tir ». Le tir cesse. Sans doute pense-t-il qu’une contre-attaque a repoussé l’élément français. Le tir ne reprendra que tard dans la soirée, quand les Allemands auront compris qu’ils ont perdu le fort du Coudon.

Les Américains non plus ne comprendront pas tout de suite. Un colonel, qui prétendait la chose impossible, voulut s’en rendre compte lui même. Se promenant dans le fort qui venait de tomber il déclara : «je ne voulais pas le croire avant, j’arrive encore moins à le croire maintenant ».

Bientôt, avec la prise de Toulon, prendront fin les combats du débarquement et la bataille de Provence. La 1ère armée française et les Alliés se lanceront par la vallée du Rhône à la poursuite de l’ennemi en déroute, opèreront la jonction avec les troupes venant de l’Atlantique et  ne s’arrêteront plus avant la ligne des Vosges.

Dans quelques jours (août 1946), au cours des cérémonies du deuxième anniversaire de la libération de Toulon, le fort du Coudon prendra le nom de « Fort du Lieutenant Girardon ».

 

Jean van der Noot

 

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Mémentos

Souvenez vous dans vos prières !

 

de Louis et de Marie Girardon

 

       

 

 

d’André et d’Hélène de Chalendar

 

    

 

 

d’Albert et de Nicole Girardon

 

    

 

 

de Georges et de Marguerite Moulin

 

    

 

 

de Henry et de Juliette de Vanssay

 

 

 

 

 

 

 

et de tous les morts de notre famille

 

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